Philae immortalisée à l’Élysée : un rêve…sans réalité
Par Christine d’Hauthuille, journaliste et coordinatrice du Comité OKA
« Les rêves font partie de la vie. Ne laisse personne briser tes rêves ! », ainsi me parlait un ami qui me voulait du bien.
Au lancement de notre mission « Mon chien, ma ville », en revenant du Québec, décalage horaire oblige, j’ai fait un drôle de rêve. Je parlais avec la première dame d’alors, Valérie Trierweiler, on se connaissait des couloirs de Paris-Match, ni plus, ni moins. Par téléphone, je défendais la cause animale et j’insistais sur l’urgence de mieux considérer le chien citadin ; échange sympathique et constructif. Puis Valérie me glissa, « ne quitte pas, je vais te passer François ». Et là même en rêve, ça fait tout drôle de parler au président de la République. Dans mes souvenirs, il a écouté sans un mot et au moment de raccrocher, je me suis réveillée ! Drôle de sensation que j’ai tout de suite couché sur papier.
Le temps passe, la première dame reprend sa liberté, et moi la mienne. Puis le président, en solo, reçoit à Noel 2014, un chiot de la part de la Fédération des anciens combattants français de Montréal. Un labrador à l’Elysée, tradition oblige… C’est ainsi que Philae fait son apparition à l’Elysée, on la voit gambader toute de noire vêtue dans les couloirs et bureaux du Palais. Sous paraît-il, l’œil un peu méfiant de certains, gardant en mémoire la folie douce des chiens du couple Bruni-Sarkozy. Si « le chien à son sourire dans sa queue » comme le disait Victor Hugo, Philae, a su plus facilement que son maître, mettre tout le monde dans sa poche. Sans oublier aussi de perturber à ses heures, l’ambiance bien cadrée du Palais et de saluer un peu vivement invités et officiels ! Ce qui n’a pas déplu à tout le monde. Et surtout pas à nous. Avec nos amis de « Wamiz », nous décidons de demander l’automne passé une interview au Président de la République pour nous parler de sa relation avec Philae. Même si on n’avait guère d’espoir d’obtenir une réponse positive, celui qui n’essaie pas…n’a pas ! Par courrier nous apprendrons que l’agenda particulièrement contraint du Président ne lui permet pas de nous répondre favorablement. Le contraire nous aurait étonné ! Il en exprime ses regrets et tient à nous assurer de l’attachement qu’il porte à la question de la protection animale. Devant le perron de l’Elysée l’essai n’est pas transformé ! Les chasseurs, eux ont eu plus de chance que nous, le président avait accepté de les recevoir en novembre 2015 ! « No comment » !!!
Le temps passe, « Philae, tout le monde l’a adopté » confie une conseillère, tandis que François Hollande annonce officiellement, qu’il ne veut pas se représenter pour être Président ! Les jours de Philae à l’Elysée sont comptés ! Nous décidons de reformuler notre demande, mais cette fois, sans la présence du maître. En double exemplaire, par mail et par courrier, nous sollicitons une autorisation pour photographier et filmer Philae en solo. Là, nous étions nettement plus confiants, la chienne du président d’après nos informations n’a pas un emploi du temps surchargé et nous ne lui demandions pas de répondre à une interview.
Entre temps, un matin, je me réveille avec un rêve encore tout chaud dans la tête. Un rêve qui fait partie de ceux que l’on vit pleinement, comme si on y était. Et j’étais à l’Elysée, dans un bureau avec quelques autres journalistes, nous n’étions pas nombreux et tout d’un coup qui voit-on passer ? Madame Philae, en personne et en balade. Là mon sang ne fait qu’un tour, je profite de la première occasion pour interroger une jeune fille du service de presse pour qu’elle m’autorise à photographier Philae. Je me rends compte par son comportement qu’elle aime les chiens. Elle m’invite à la suivre et surtout à suivre Philae, qui court robe au vent en direction de la cuisine. Nous sommes plusieurs à nous installer dans l’anti chambre de la cuisine, assis au tour d’une table en échangeant autour des chiens. Philae attirée par les bonnes odeurs essaie de pointer son bout de museau en direction des fourneaux, mais les cuisiniers veillent au grain. Dépitée elle revient nous jouer son numéro de charme. J’en profite pour la filmer de la tête aux pattes. Et là François Hollande nous rejoint comme par enchantement et échange avec ses collaboratrices. Philae s’approche de son maître, moment tendre, je déclenche, j’immortalise enfin ce moment !
J’étais aux anges à mon réveil, je venais de passer un très bon moment, Philae à mes côtés. Je ne peux m’empêcher de partager ma vie nocturne élyséenne-canine et je me plais à penser que de passer du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas !
Ma confiance grandit et je ne vois aucune raison pour que le Palais ne réponde pas favorablement à notre demande… Surtout qu’en terme d’amoureux des chiens et des chats, « Wamiz » et ses 7 millions de visiteurs par mois ont leur mot à dire.
Mais voilà un jour qu’on pourrait appeler « sans », « sans » enthousiasme, « sans » sourire, je prends le courrier avec une lettre à l’entête de l’Elysée. Mon ressenti n’annonce rien de bon. Si c’était positif, c’est le 06 qui aurait sonné ! Mon flair se confirme! C’était bien une journée sans ! Et ça sera sans Philae…A lecture du courrier, je sens qu’il n’est plus la peine d’insister, nous ne pourrons l’immortaliser à l’Elysée. Je me console comme je peux, au moins personne ne m’enlèvera mon rêve.
Entre temps un bipède bien placé me glisse que Philae aurait eu des bébés. Est-ce la raison de notre refus ? L’Elysée avec des chiots, secret d’Etat ? « L’Express » confirme officiellement l’information et le « Parisien » titre « Carnet Rose à l’Elysée ». On apprend que Philae a eu une portée de dix chiots en décembre et qu’ils ont tous été donné ! Il ne manquerait plus que le président les ait vendus ! Par contre aucune info sur l’identité du père et sur les nouveaux maîtres des chiots. Félicitations à Philae, nous aurions été tellement heureux de pouvoir vous informer en priorité du faire part de naissance. Mais voilà la politique a des mystères et des logiques qui nous dépassent. Ce qui est sûr, c’est que François Hollande ne partira pas de l’Elysée sans Philae, il l’a promis.
Heureusement, car si les chiens n’abandonnent jamais leurs maitres, l’inverse n’est pas vrai ! Et cette vérité malheureusement n’est pas un rêve.