Jacinthe Bouchard : « Responsabiliser le propriétaire »
Par Christine Le Tenier
Qu’entend-t-on par problèmes de comportement et pour qui ? car bien souvent c’est l’animal qui est remis en cause et non le maître. C’est effectivement ce que constate Jacinthe Bouchard. La spécialiste québécoise renvoie à l’humain ce qui lui appartient : « le chien n’a pas de problèmes comportementaux mais s’il ne répond pas aux attentes du maître alors forcément il y aura une problématique de comportement. Mais rajoute-t-elle avec la franchise et son sourire désarmant « du côté humain et non canin ». Ses propos sonnent juste et semblent évidents. L’éducation doit non seulement passer par le chien mais aussi par le maître, l’un ne va pas sans l’autre. « Prenons l’exemple du chien qui mort un enfant, cela devient un problème de société, il faut alors conscientiser et responsabiliser le propriétaire pour éduquer son chien et respecter les gens aux alentours ».
Et qu’en est-il de la punition ? On pourrait penser que ce serait une des solutions pour se faire obéir par son chien. « Mais ce serait un cercle vicieux » dit Jacinthe Bouchard. « L’homme est persuadé que pour se faire obéir il doit punir son chien car cela le valorise et renforce son sentiment d’avoir raison mais le chien ne va obéir que quelques secondes et cela ne réglera en rien les problèmes. C’est à cause de la punition que le maître rend son chien réactif aux autres chiens et autres personnes. On en revient encore une fois à la base qui est d’éduquer le maître en lui donnant des outils comme pour avoir un permis de conduire ».
En parlant de permis cela soulève un autre point. Quand on achète un chien ce n’est pas la même démarche que d’acheter un téléviseur où le mode d’emploi est fourni. Avec le chien il n’y en a pas et on pense qu’il est très facile de vivre avec son toutou sans forcément penser aux conséquences. Aussi comme le dit Jacinthe Bouchard l’idéal serait que le chien en ville passe un test pour recevoir sa médaille et devienne ainsi « bon chien, bon citoyen ». Ainsi plus besoin de légiférer sur les races au cas par cas et de museler son chien. Et en plus du plaisir d’avoir un chien éduqué, le maître serait mis en valeur et conscientisé en lui donnant l’opportunité d’avoir accès à des avantages grâce à l’obtention de la médaille ».
A Paris, les parcs canins sont encore peu nombreux mais pourraient-ils devenir la solution au mieux-être des chiens citadins ? « Pas forcément répond Jacinthe Bouchard car le problème c’est que l’on y retrouve en constante immersion toute sorte de chiens éduqués ou pas. Le maître pense que cela va participer à la socialisation de son chien, qu’il va apprendre mais ce n’est pas toujours le cas. Certains chiens ne s’y sentent pas forcément bien et tous ne veulent pas y aller ».
Encore une raison supplémentaire d’ouvrir tous les parcs et jardins aux chiens tenus en laisse. Cela ne coûte rien à la collectivité et c’est une opportunité idéale d’éduquer et de sensibiliser les maîtres.
