Apprendre le langage canin aux enfants
Par Chantal Hazard, professeur – formatrice retraitée Education Nationale, comportementaliste et Zoothérapeute
Chaque année les chercheurs qui s’intéressent à l’amélioration de la relation humain/chien publient les résultats de leurs recherches lors de leurs congrès annuels. Certaines de leurs conclusions sont sans appel:
Sans éducation au langage canin, 50 à 65 % des enfants ne savent pas distinguer un chien stressé ou peureux d’un chien heureux !
Pour qu’un jeune enfant sourit sur une photo, que lui dit l’adulte ? « Cheese »! Et l’enfant sourit en montrant les dents ! Donc, quand un enfant voit un chien montrer les dents, il croit qu’il sourit car il reproduit sur l’animal ce qu’il connait du fonctionnement des codes humains ! Or un chien qui montre les dents est potentiellement dangereux. Le langage canin, cela ne s’improvise pas, cela s’apprend !
Quand un chien appelle un enfant au jeu, que fait-il ? Il s’excite et il peut aboyer joyeusement. Or, un jeune enfant craint les aboiements et les mouvements saccadés. Ainsi par ce qu’il ne reconnait pas le langage canin, le jeune enfant se prive d’une belle relation amicale.
Quand un chien est stressé, il peut être parfaitement immobile et n’émettre aucun son. L’enfant ne se méfiera donc pas de l’animal et il pourra se faire mordre s’il énerve le chien à ce moment-là !
Le défaut d’éducation au langage canin chez le jeune enfant constitue un facteur de risque dans la relation enfant / chien.
Avec une éducation au langage canin et des programmes d’éducation des jeunes enfants, le nombre de blessures diminuerait fortement et favoriserait une relation amicale entre les enfants et les chiens.
Un constat édifiant
La majorité des grands pays démocratiques ont compris la nécessité de mettre en place des programmes d’éducation au langage canin. La Grande Bretagne, la Suisse, Les Etats Unis, le Canada, Les pays germanophones, la Belgique, l’Australie ou la Nouvelle Zélande ont tous mis en place avec succès ces programmes d’éducation qui favorisent les bonnes relations enfant/chien et réduisent considérablement la phobie envers cet animal éminemment sociable qu’est le chien.
En France, l’état des lieux en France est lamentable.
Il n’existe à ce jour aucun véritable programme institutionnalisé et reconnu qui soit dispensé par des gens formés aux connaissances scientifiques factuelles, à la pédagogie nécessaire pour dispenser cet enseignement et à l’éducation canine positive.
Des interventions sporadiques sont réalisées au coup par coup majoritairement par des éducateurs canins, des comportementalistes, ou par des bénévoles et très accessoirement par des vétérinaires ou des enseignants.
Les enseignants qui abordent le sujet de la prévention des morsures et de la connaissance du chien dans leur classe sont extrêmement rares faute d’avoir été initiés à ce sujet pendant leurs études ou en formation continue. Aucune politique d’information et de concertation avec les différents acteurs du milieu éducatif n’est mise en place en amont. Cette carence entraîne des réticences et des refus d’ouvrir la porte des classes à une éducation parfois considérée comme suspecte (les chiens c’est sale, les enfants ont déjà beaucoup à apprendre.)
J’ai donc décidé de mettre à profit 40 années d’expérience de la pédagogie avec les élèves des classes primaires ou secondaires et d’éducation canine pour créer PECCRAM : Programme d‘Education à la Connaissance du Chien et au Risque d‘Accident par Morsures. Ce programme s’adresse principalement aux élèves de 4 à 10 ans.
Présenté à la communauté scientifique et au Ministère de l’Agriculture. Tous l’ont accueilli favorablement.
Une formation pour des duos humain/chien, un kit pédagogique, des jeux de rôle, des petites vidéos, l’utilisation de peluches et d’un chien, les enfants s’amuseront et apprendront à aborder un chien inconnu sans aucun risque, à se protéger en cas d’attaque, à jouer avec un chien en toute sécurité, à partager des moments de complicité respectueux des besoins spécifiques de l’animal. Et surtout à décrypter le langage corporel du chien grâce à des vidéos et à de nombreuses planches iconographiques de qualité.
Ce projet ne demande qu’à voir le jour. Gageons que l’Education nationale y soit sensible aussi !
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Qui est concerné par la mise en place de ce programme ?
Vous êtes parents d’élèves ?
Parlez-en autour de vous, mobilisez l’attention des associations qui vous représentent pour qu’elles entrent en contact avec nous. Nous pourrons venir leur montrer l’importance de ces programmes pendant leurs colloques ou réunions départementales et nationales.
Vous êtes en charge des activités périscolaires dans les écoles maternelles et primaires de votre région ?
Notre programme vous intéresse car les intervenants PECCRAM pourront animer des séances pendant les TAP ou les APC et dans les centres de loisirs.
Vous êtes Inspecteur Départemental de l’Education Nationale, Conseiller Pédagogique, Directeur ou professeur des Ecoles ?
Intégrez cette formation à votre pédagogie : nous avons conçu PECCRAM pour qu’il puisse faire partie de l’éducation citoyenne des enfants : Il y a 7 millions de chiens en France; les enfants les croisent chaque jour à la sortie des classes sans jamais avoir appris les bons gestes pour les côtoyer ! Notre devoir d’éducateur est que cela cesse ! Mais la déontologie nous impose d’envoyer devant de jeunes élèves des personnels formés à l’éducation et propriétaires d’un chien très fiable !
Je me souviens quand les premiers vélos sont entrés dans la cour de mon établissement pour les séances de prévention routière, ce fut un tollé ! Qui remettrait en cause aujourd’hui l’éducation à la prévention routière dans nos écoles primaires ?
Il en sera de même pour l’éducation à la prévention des morsures et à la connaissance du chien quand nous, responsables de l’éducation des jeunes enfants, nous aurons contribué ENSEMBLE à la généralisation d‘interventions pédagogiques de qualité respectueuses de l’enfant et du chien.
Contact : capsulettes@gmail.com
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Le guide du parler chien
Décrypter les attitudes de son chien n’est pas inné. Si les enfants comme le démontre Chantal Hazard peuvent mal interpréter un comportement, les adultes ne sont pas à l’abri de ne rien comprendre aux besoins, à l’attente et aux réactions du chien ! Il n’y a pas de honte à apprendre ou à s’améliorer dans le « parler chien ». La relation homme-animal ne s’en portera que mieux. Des conseils simples, des astuces et de l’humour pour mieux décoder le langage canin. Initié par le docteur vétérinaire Jean Cuvelier et admirablement illustré par Jean-Yves le Grall., ce petit guide est accessible pour tous et à toutes les bourses canines. A offrir à tous les propriétaires canins citadins.
(éditions Larousse Pratique – 6,90E)
