Mon chien, mon ange !
Par Luma, Femme-Médecine. Nation Algonquine Abénaquise Antaya.
De petits ronflements entrecoupés de soupir d’impatience indiquent que Bouddha, Boubou pour les intimes, bien que mal réveillé de sa courte nuit, a bien hâte d’arriver. Il sait que nous allons retrouver les « amis » et qu’il sera en service. Je ralentis, c’est le signal, Boubou se lève de son lit, mets les pattes de devant sur le rebord de la fenêtre, il sait que nous arrivons à « Tout de Joie », sur le lieu des stages et pourtant il reste 3 kilomètres à parcourir. Son langage est entremêlé de petits jappements, et de sons très particuliers, histoire de me dire qu’il est très content et surtout d’accélérer. Quand je lui dis : -nous y sommes-, il s’arrête en position de garde à vous le nez collé à la fenêtre. Pendant que je détache ma ceinture et que je ramasse mes sacs, il tente désespérément d’ouvrir la porte en grattant avec frénésie. J’ouvre la portière et dans un élan de joie, il saute rapidement hors de la voiture, se dirigeant vers la salle de cours, un peu trop vite pour que je puisse le suivre. Il fait demi-tour, allez plus vite !
Boubou est un Carlin miniature. Une race de chien très attaché à son maître et particulièrement très protecteur. On dit que cette race aurait été adoptée par les moines des monastères tibétains il y a des centaines d’années. Lorsque j’ai choisi Boubou, chez l’éleveur c’était le plus petit et le plus endormi. Il était assis en retrait des autres chiots en vacillant légèrement avec les yeux mi-clos pendant que ses frères et sœurs s’agitaient autour de moi.
Je souhaitais trouver un chien qui pourrait travailler avec moi dans les cercles sacrés. Alors, j’ai fermé les yeux et je me suis adressée à leurs esprits, leur disant que s’ils me choisissaient, ils pourraient avoir une belle vie en aidant les gens. Je discutais avec l’éleveur pendant que la marmaille s’amusait autour de nous. Boubou était toujours dans son coin sans broncher d’un poil. J’étais sur le point de repartir n’ayant eu aucun signe m’indiquant que l’un des petits chiots était destiné au service quand Boubou s’avançant près de moi se coucha sur mon pied et le lécha. Mon cœur est devenu plus grand que le monde. J’ai pris ce petit ange dans mes bras et nous avons fusionné d’amour.
Boubou a commencé à servir dans les cercles d’enseignements à l’âge de 6 mois. Lorsque tout le monde était assis en cercle, je laissais Boubou passer d’une personne à une autre en demandant aux participants de ne pas le toucher lorsqu’il était en service dans le cercle. Dès le premier cercle, il m’a surpris en allant d’une personne à l’autre, leur sentant les pieds, les regardant dans les yeux et puis il passait à la personne suivante. Le tour de piste terminé, il se couchait sur son tapis près de moi. J’ai alors compris que ce bel esprit connaissait déjà son rôle.
Lors des pauses, il se faisait cajoler par tous, procurant joie et tendresse inconditionnellement. La première année fut consacrée à son entrainement. Il répond à des ordres à peine audibles pour l’humain. J’ai compris que Boubou avait le don de la communication silencieuse. J’ai appris à communiquer avec lui en murmurant sauf lorsqu’il était têtu…
Aujourd’hui Boubou a 2 ½ ans. Il arrive à faire des guérisons impressionnantes en réconciliant les gens avec eux-mêmes par son l’Amour. Il a le don de ressentir les personnes souffrantes émotionnellement et physiquement. Un jour après que le cercle de médecine soit terminé, le groupe s’était rassemblé dehors pour profiter du soleil. Une dame âgée qui avait partagé qu’elle passait des moments très difficiles depuis quelques mois s’était éloignée du groupe. Elle était assise sur une roche d’une hauteur de 1.5 mètre. Je vois Boubou qui tourne autour de la roche tentant de trouver un moyen de monter la rejoindre. Il se leva sur ses pattes arrière déposant ses pattes avant le plus haut possible et commença à lui parler avec son miaulement canin. La dame le regarda surprise de le voir. Elle avait les yeux ruisselants de larmes. Elle comprit que Boubou souhaitait se faire prendre. La scène qui se produisit par la suite est d’une telle beauté que ma plume ne peut qu’en dessiner les contours.
Boubou commença par lui lécher les larmes pendant que la dame le serre contre son cœur. Un moment après, Boubou décide de lui prendre les doigts délicatement avec sa gueule pour la tirer afin de lui faire comprendre que c’était le moment de bouger. Après plusieurs tentatives, il réussit à attirer son attention et j’entendis la dame lui demander. Tu veux me quitter toi aussi ? Boubou réagit en lui léchant la main et en lui parlant en même temps. Elle finit par se lever et le miracle se produisit. Trop content de son succès, Boubou faisait des cercles autour d’elle histoire de lui dire: viens jouer avec moi ! La dame avança doucement et Boubou tourna encore plus vite autour d’elle. C’est à ce moment qu’elle se mit à courir, à danser, à tourner et puis soudain elle se mit à rire aux éclats comme une petite fille de 10 ans qui s’amuse avec son chien. Le rire était tellement éclatant que tout le groupe se retourna vers la dame et Boubou. J’avais assisté à toute la scène sans broncher. Boubou m’avait regardé à quelques reprises, mais comme je demeurais immobile il a vite compris qu’il devait prendre soin de la dame.
À notre retour dans le cercle, la dame rayonnait de joie. Elle raconta que cela faisait plus de 10 ans qu’elle n’avait pas ri autant. Elle ajouta joyeusement: « lorsque j’ai vu Boubou passer d’une personne à une autre lors du premier cercle, je n’avais pas compris ce qu’un chien pouvait faire dans un stage. Je crois que c’est clair maintenant en lançant à Boubou un regard de tendresse. Je ne sais pas comment, mais Boubou a fait disparaître toute la tristesse que je traîne depuis quelques années. C’est bon de retrouver la joie de vivre ! »
Je pourrais écrire un livre sur les « miracles d’amour » que Boubou a accomplis depuis 2 ans. Lorsque j’ai choisi de prendre Boubou avec moi, j’avais conscience qu’il serait un compagnon de vie exceptionnel. Je me suis appliquée à le traiter comme un membre de ma famille tout en respectant sa nature canine. Notre routine quotidienne lui procure la sécurité affective qu’il a besoin pour avoir un bon moral. Tous les soirs, nous avons notre moment à nous. Je lui parle en chien et il me répond. C’est très drôle ! Nous passons par la suite aux caresses. Il commence par me sentir la peau, il adore mon coup et puis il s’allonge pour le massage en profondeur. Son corps se détend tellement qu’on dirait un petit chien de chiffon. La séance de caresse terminée, il se retourne et s’allonge le long de ma cuisse en pressant son corps comme pour le rentrer dans le mien. Un grand soupir de relâchement, les yeux se ferment et il commence ses doux ronflements pendant que je lis ou que je regarde un documentaire ou un film.
Un chien est un esprit tout comme nous. Si on respecte sa nature, il respectera la nôtre. Un chien doit avoir sa vie, tout comme nous. Il n’est pas une éponge émotionnelle que l’on prend seulement lorsqu’on souhaite s’apaiser ni un bibelot de salon. Tous les animaux ont un point en commun et c’est celui de bouger. Un chien qui ne bouge pas, qui ne prend pas l’air, qui est restreint à quelques mètres carrés perd le moral, devient agressif ou malade. Boubou par exemple me fait la gueule s’il ne court pas tous les jours surtout après le repas du soir. Il s’écrase dans son panier, pose sa tête sur le rebord, me fait un regard de dessous et souffle par le nez. Un chien c’est un esprit gardien de notre santé mental et émotionnel. Prendre soin de son chien est aussi important que de prendre soin de soi.
En terminant, je recommande cette race de chien pour les familles qui ont de jeunes enfants. J’ai deux petits-fils très turbulents et pas toujours très délicats avec Boubou malgré les recommandations répétées. Sa patience dépasse celle des parents. Jamais il ne mord ni ne grogne après les enfants. S’il en a assez, il se trouve un endroit pour se cacher, dans le but de se reposer quelques minutes, mais vite il revient jouer avec les enfants. Son caractère joyeux, sa compassion et son esprit protecteur qui avise dès qu’il y a un bruit signalant l’arrivée d’une personne, est apprécié. Il est un ange et un grand thérapeute pour toute la famille.
Je remercie Christine d’Hauthuille qui m’a offert cette plage de partage. Il y a longtemps que je voulais parler des effets thérapeutiques des chiens lorsqu’ils reçoivent de bons soins, une bonne éducation et un entrainement à servir ceux qui souffrent.
Je remercie mon petit Boubou pour sa présence dans ma vie et celles de toutes les personnes qui viennent aux stages et formations du Québec. Pour le moment, Boubou ne m’accompagne pas encore en France lorsque je vais transmettre mes formations. Il a tous ces vaccins, son petit véhicule de transport, et sa petite valise. Il ne reste qu’à le préparer émotionnellement à faire ce long trajet.
Votre chien connait votre âme, connaissez-vous la sienne ?
Avec tout mon amour,