Jacinthe Bouchard : « Le privilège d’avoir un chien »
Par Christine Le Tenier et Christine d’Hauthuille
Jacinthe Bouchard a toujours aimé les animaux depuis son plus jeune âge et de cette passion est né son métier. Experte internationale de la relation homme/animal domestique ou non et ce, depuis plus de 20 ans, elle donne des conférences à travers le monde ainsi que des formations en comportement animalier.
De passage à Paris au centre du bien être animal lors d’une de ses formations dans le domaine canin, cette Québécoise au grand cœur, pleine d’énergie et au bon coup de museau possède en prime un vrai sens de l’humour et une belle dose de bon sens.
Savoir ce qu’elle pense du propriétaire canin parisien et s’il est différent des autres pays ? : « Je remarque que l’homme en général a un manque de compétences avec son chien bien qu’il ait la meilleure volonté du monde et ce aussi bien à Paris qu’ailleurs. Même si l’on aime profondément son chien, cela demande quelques connaissances scientifiques et des outils pour bien l’élever et réussir avec lui. Or le maître a tendance à tomber dans deux extrêmes qui sont soit la punition et la domination soit un trop plein d’amour en maternant son animal à quatre pattes. Mais ne pas savoir dire non ou bien vouloir contrôler son animal à tout prix peut aussi amener le chien à des problématiques de comportement ou rendre son chien fou ».
Il s’agirait donc là de trouver un équilibre entre le chien et son maître pour qui la relation harmonieuse passerait par le questionnement : « Que veut mon chien ? De quoi a-t-il besoin ? ». Le travail d’éducation peut alors commencer avec à la clé la notion de récompense. Pour Jacinthe Bouchard celle-ci ne doit pas uniquement se limiter à la nourriture mais elle peut aussi être une caresse, un jouet, sortir dehors, « le principal étant de travailler avec ce que l’animal veut ».
Autre point important dans le travail d’éducation pour Jacinthe Bouchard c’est celui de la gamelle. Pour elle, « La gamelle est notre pire ennemie car la nourriture devrait toujours être dans les poches du maître. Le chien alors récompensé par une croquette à chaque bonne action, va développer l’attirance vers l’humain. Etablir cette règle dans les premières semaines de la cohabitation entre le maître et son chien éliminerait la majorité des problèmes de comportement. Et plus l’animal est jeune donc dans sa période de socialisation mieux c’est car l’apprentissage sera plus rapide et l’imprégnation à l’humain plus forte ».
Alors que peut-on faire pour cohabiter tous ensemble en bonne intelligence en ville ? Que nous soyons propriétaires de chiens ou pas, vivre heureux et en bonne intelligence passe impérativement par le respect de l’autre. Comme le souligne Jacinthe Bouchard « Il faut respecter les personnes qui n’aiment pas les chiens ou qui n’en veulent pas. C’est la responsabilité du maître de faire en sorte que d’avoir un chien est quelque chose de neutre et non pas d’envahissant pour éviter ainsi de rentrer en conflit avec ceux qui n’en veulent pas ». C’est le cas par exemple des chiens d’aveugles qui sont très bien acceptés par la population car ils aident, sont obéissants et pas envahissants.
Aimer les animaux ne veut pas dire manquer de respect et d’empathie envers les êtres humains.
On aura compris que l’éducation passe principalement par le maître et son comportement vis à vis de son chien. Alors comme le dit si bien Jacinthe Bouchard « Ce n’est pas un droit d’avoir un chien, c’est un privilège ! Alors sachons au moins, nous en occuper correctement ».