Michel DRUCKER : « Jamais sans son chien »

J’ai toujours eu un chien à côté de moi, Isia qu’on voit sur le canapé est une chienne tout à fait exceptionnelle. Dieu sait que j’en ai eu des chiens mais j’ai un rapport particulier avec ce petit Border Collie croisé. C’est un chien de berger qui comme moi vient d’Europe de l’Est. On est du même pays, mon père était roumain. Isia a échappé aux fourrières de ceux qui trouvent qu’il y a trop de chiens dans les rues à Bucarest ou ailleurs. C’est sur internet que j’ai découvert Isia. Je n’ai pas pu la caresser pendant dix jours, c’est en voyant sa réaction de peur que j’ai compris qu’elle avait été terrorisée. Je ne l’ai pas dressée, elle a tout de suite compris comment je fonctionnais. La seule chose c’est qu’elle aboie toujours quand elle est surprise ou qu’elle a peur.

Isia est un nouveau membre de la famille, elle m’est devenue totalement indispensable. Ce qui est extraordinaire aussi c’est qu’elle a le même caractère que moi, c’est un chien qui est anxieux et qui a des crises d’angoisses. Elle a les mêmes interrogations, les mêmes doutes, les mêmes tourments que moi. J’ai besoin de l’avoir prés de moi, elle me rassure, calme mes angoisses et mes anxiétés. Elle baisse ma tension et me fait prendre du recul, elle me regarde et me dit : « ce n’est que de la télé, il y a autre chose dans la vie ! Il y a des promenades dans les bois avec moi »

Quand je rentre en fin de journée chez moi, son repas est prêt, je me mets au pied de mon escalier et là elle me regarde et me fait comprendre qu’il n’est pas question qu’elle goûte si je ne suis pas là, elle veut que j’assiste à son dîner. Je suis assis elle mange, je pars elle s’arrête. Il faut que je sois là jusqu’à ce que l’assiette soit vide.

C’est un chien qui a tout, qui a une sensibilité et qui comme tous les chiens de berger à une écoute importante, une acuité auditive phénoménale. Elle peut rester des heures et des heures sans bouger, sur le canapé par exemple. Les applaudissements ça ne l’intéresse pas, ce qu’elle veut c’est être à côté de moi. Quand je fais mon sport, elle attend à mes pieds, quand je fais mes abdominaux et ma gym, elle se met entre mes jambes, collé à moi. Ensuite quand je vais dans la salle de bains, elle va se recoucher. Elle connait chaque bruit, chaque sonnerie de téléphone, chaque intonation. Quand je commence à sortir de la salle de bains, où je travaille beaucoup, et en fonction de ce que je porte elle sait si je vais partir ou pas. Si c’est un survêt, elle se dit, il reste à la maison. Si jamais c’est le chausse pied, la chemise et la veste, mauvais signe, là elle se dit : « j’y vais, j’y vais pas, il me prend, il me prend pas ».

Les animaux sont fascinants, je découvre tous les jours que ma chienne m’apporte beaucoup. Je lis plein de choses dans son regard que je ne lis pas dans le regard des humains. Certains vont penser que je suis au bord de l’hôpital psychiatrique mais ce n’est pas grave, je sais que « mon chien, c’est quelqu’un », comme le dit le sketch de Raymond Devos. Moi je suis au bord de coucher dans le panier, manger des croquettes, avoir un tatouage dans l’oreille. Je suis passé un peu de l’autre côté maintenant, les gens qui n’aiment pas les chiens où qui aimeraient par hasard la corrida, ils ne me reverront pas. Moi quelqu’un qui touche à mon chien, je serais capable d’aller en taule pour ça ! Mais est-ce que tous les gens qui aiment les chiens ne sont pas comme moi ?

Propos recueillis par Yolaine de la Bigne :

Créatrice de l’Université d’été de l’animal et

Fondatrice du site L’animal et l’homme : https://lanimaletlhomme.com

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