Balou sauve la ferme
par Christine
d’Hauthuille
Si les chiens des villes ont du mérite, « les chiens des champs » ne sont pas sans reste. L’histoire de Balou, 10 ans, ce croisé border collie et de bas rouge, aurait pu faire le tour de la planète et voler la vedette d’Uggy dans « The artist ». Mais le travail de la ferme laisse peu de temps pour les paillettes.
Ils sont passés à côté du pire, Marie Deparis en est bien consciente. Il est 1h du matin dans la nuit du 22 novembre. Un court circuit et le feu se déclare dans le bâtiment où sont abrités les veaux. Balou aime dormir sur la paille dans cette niche géante, à l’abri du froid et du vent. Lorsqu’il sent quelque chose d’anormal, Balou aboie. Mais cette nuit dans la maison familiale normande, c’est le sommeil profond, les journées sont rudes à la ferme. Ne voyant personne réagir, Balou se précipite chez le voisin et sous sa fenêtre fait des allers-retours intempestifs tout en continuant d’aboyer. L’alerte est donnée. Dehors, le bâtiment est en feu, des flammes de plus de 30m. Une vision cauchemardesque que n’est pas prête d’oublier la famille. En attendant les pompiers, les deux voisins ouvrent les premières barrières, plusieurs veaux arrivent à se sauver. Malheureusement 13 autres, les plus jeunes et les plus fragiles, tous élevés au biberon, n’auront pas cette chance. Les 400m2 du bâtiment partent en fumée.
Les pompiers mettront toute la nuit pour éteindre le brasier, et jusqu’au petit matin Balou restera assis sur un tas de feuille morte, la tête en direction des flammes. Il ne bougera que lorsque les pompiers partiront, sentant que le danger est vraiment passé.
Balou a sauvé la ferme mais il n’est pas prêt de prendre la grosse tête, c’est un chien de ferme par excellence, indépendant et « libre comme l’air », un gardien qui excelle dans son rôle. A la ferme, la devise est la même pour tous les animaux, « bien être et logique de qualité. ». Et si la vie de Balou se partage naturellement avec les autres animaux il ne rechigne jamais aux caresses. Il se montre même d’une patience d’ange avec les deux petites filles qui depuis l’accident le surnomme affectueusement: « chef Balou ». Sans son intervention la famille aurait pu tout perdre et Marie ne l’oublie pas : « Dans notre malheur nous avons eu de la chance ! »
* La famille Deparis tient à remercier le réseau rural et agricole pour leur soutien, réconfort et aide.