Nathalie Kosciusko-Morizet :
Le chien en ville : je suis pour une politique du « donnant – donnant »
Par Christine d’Hauthuille, coordinatrice du comité OKA
Photos : © Jean-François Deroubaix
Un haut magistrat, un vétérinaire, une avocate sont venus plaider la cause des chiens à la permanence de NKM dans le 14ème arrondissement de Paris. Accompagnés par « Stan » un jeune croisé berger allemand aux yeux doux. La cause d’Anne Vosgien, Procureur à la Cour d’Assises de Paris, de Serge Belais, vétérinaire et ancien président de la SPA et de Sylvie Girard, avocate au barreau de Paris ? : La place du chien en ville ou plutôt sa réhabilitation.
Pour le comité OKA, organisateur en juin dernier d’un étonnant « road-movie canin » dans la rue de Rivoli : « Les propriétaires de chiens subissent une véritable politique d’exclusion de leurs amis à quatre pattes, menée depuis plusieurs années par la municipalité parisienne ». A Paris, qui compte entre 150.000 et 200 000 chiens, les espaces verts accessibles aux chiens en laisse sont très peu nombreux, seuls 13 % leurs sont autorisés. Et si le premier parc canin doit ouvrir ses portes prochainement Place Denfert-Rochereau, il n’est prévu aucune autre initiative de ce type dans d’autres arrondissements de la capitale, en dépit de la demande d’un élu de Paris, Mr Jean-Jacques Giannesini. Mais cette réhabilitation doit aussi passer par un accès plus facile aux transports et services publics. Des mesures qui signeraient une reconnaissance du lien social que crée l’animal ; lien primordial « dans une ville de grande solitude qui n’est plus que béton et bitume » regrette Anne Vosgien.
Ca tombe bien, les espaces verts ou plutôt leur manque à Paris, c’est un des points forts de la campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet. « Paris est devenue une ville minérale » dit cette dernière, égratignant au passage l’aménagement de la nouvelle place de la République « repensée sans le moindre îlot de verdure ». « Créer de nouvelles coulées vertes, offrir aux parisiens des espaces au sein desquels le lien vital entre l’homme et la nature peut s’exprimer fait partie de mes priorités » explique la candidate à la mairie de Paris. « Avec une place pour les chiens ? » questionne Serge Belais, juste histoire d’insister sur le fait que l’animal ne peut pas être dissocié du végétal.
« Mettre en place des espaces de liberté dédiés aux chiens comme à Lyon, Grenoble, Toulouse, Avignon indique Sylvie Girard, c’est non seulement permettre aux chiens de vivre leur vie mais aussi de se sociabiliser et aux propriétaires de créer un échange ». « Et ce n’est pas un hasard si les chiens de la capitale ont de plus en plus de problèmes de comportements », constate Serge Belais en tant que vétérinaire citadin.
NKM est vivement intéressée par les villes qui ont intégré d’une manière positive la présence du chien en ville et qui ont fait leurs preuves. Une politique de bon sens : Voir ce qui fonctionne ailleurs que ce soit en France ou à l’étranger et s’en inspirer : « Il serait intéressant de faire une étude comparative sur les actions menées par différentes villes ».
Impossible de parler du chien en ville sans évoquer le débat qui fait toujours fureur, la propreté. Le comité OKA rappelle son engagement pour une politique de propreté et de responsabilité des maîtres de chiens : « ramasser c’est citoyen, c’est civique. » « Personne ne peut aimer un chien en mettant sa chaussure dans une crotte de chien » résume Anne Vosgien et « ça ne rend pas aimable… à tout point de vue ! » plaisante NKM.
Et si la propreté des rues est une préoccupation majeure des parisiens, elle entend bien faire de Paris une ville propre, « tous les arrondissements se plaignent. Dans la capitale c’est un vrai problème ! ».
NKM aime bien les animaux.
« Les chiens, j’ai grandi avec », dit-elle en caressant le tout jeune Stan recueilli dans la rue par son maitre vétérinaire. « Avec mon mari nous nous sommes posés un moment la question d’avoir ou non un chien confie t-elle. Mes enfants rêvaient d’un dalmatien, un choix pas vraiment évident pour une vie en appartement. Alors la famille a opté pour un chat auquel nous sommes très attachés ».
Pas besoin de convaincre Nathalie Kosciusko-Morizet des bienfaits de la présence de l’animal aux côtés de l’homme. Elle est déjà persuadée du rôle bénéfique voire thérapeutique que peut jouer l’animal auprès des citadins et notamment des personnes âgées ou en situation d’exclusion. « Les études le prouvent » commente t-elle. « Je suis tout à fait d’accord pour favoriser la réhabilitation du chien en ville mais en mettant en place une politique « du donnant-donnant » afin de réconcilier les maîtres des chiens avec ceux qui n’ont pas. Avec des responsabilités pour les maîtres et des sanctions lorsqu’ils ne respectent pas les règles. « On ne vit pas en ville pour être seul, il faut accepter les autres. Accueillir des styles de vie et des désirs de vie différents. Ainsi chacun peut trouver sa place. Pour retrouver cet art du bien vivre ensemble il faut des limites précises afin que la frustration ne génère pas l’agressivité et la confrontation. Le laxisme n’est une solution en rien. »
Sur l’accessibilité à l’ensemble des administrations publiques et des transports avec son chien, NKM est par contre plus dubitative. « Je serais plutôt favorable à des aménagements pour accueillir les chiens a l’entrée de ces services. De telle sorte qu’à l’entrée on puisse laisser son chien en toute tranquillité. »
Paris, bientôt capitale des chiens et des maîtres heureux ???
Photos : © Jean-François Deroubaix – www.derouweb.com