« Le chien, c’est un immense amour qui vit et meurt de son besoin d’aimer »
par Brigitte Piquetpellorce, auteur de « Hurler avec les chiens »
Il m’est impossible de parler des chiens sans émotion parce que c’est précisément ce qu’ils suscitent en moi.
Les chiens m’émeuvent par leur confiance indéfectible, l’explosion de leur joie à chacun de mes retours, leurs clowneries, cette façon de pencher la tête pour marquer un mot reconnu, les bonheurs quotidiens si bien enregistrés, ballade, moment du jeu, distribution de la friandise du soir qu’ils savent nous rappeler pour peu que l’on ait oublié. Ne cherchez pas votre chien, il est resté obstinément assis devant le placard en attentant que la mémoire vous revienne. Leur simulacre de sommeil aussi quand ils gardent fixé sur moi, mi-clos, leur doux regard, petits espions ou anges gardiens…Et cette soudaine tristesse parfois au fond de leurs yeux, mais qui sait vraiment à quoi pensent les chiens?
Certains disent que vivre avec un chien est un esclavage, pour moi c’est une mystérieuse et réconfortante complicité. Cette relation n’est pas cérébrale, elle est juste accordée à la perfection sur le grand éventail des sentiments.
Il n’y a pas de chiens méchants, il n’y a que des chiens malheureux. La méchanceté appartient aux humains, eux seuls connaissent le sens du bien et du mal. La seule référence pour le chien est la directive donnée par son maître.
Mais les chiens sont aussi les éternelles victimes des plus ignobles d’entre nous et martyriser l’innocence m’est insupportable.
Combien en ai-je vus tendre timidement leur museau vers la lumière qu’il découvre, enfin délivrés de ces usines à reproduction, véritables machines à faire des petits, maltraités, usés par les proxénètes cynophiles. Combien de pauvres corps meurtris blottis contre leurs sauveurs, le regard inquiet, faisant encore confiance à l’humain. Combien de chiens qui passent leur courte vie enchaînés. Combien de chiots arrachés trop jeunes à leur mère, transbahutés sur les routes d’Europe, bourrés d’antibiotiques pour arriver sans trop de casse à destination d’où ils sont vendus, de préférence à flux tendu. Non sociabilisés, souvent malades, laissés sans soins, harcelés toute la journée au travers des vitres des animaleries, générant des troubles de comportement de plus en plus fréquents, ils sont perdus dans un monde dont ils n’ont pas les codes. Et combien aussi en France dans les élevages, qui vivent dans des caves obscures, prostrés et pouvant à peine se mouvoir dans leur cage. Combien en ai-je vus ramper de terreur à l’approche de leur bourreau. J’arrête ici, j’aurais trop à dire encore…
Le chien, c’est un trait d’union de tendresse entre les gens.
« le chien, c’est un immense amour qui vit et meurt de son besoin d’aimer ».
Ils nous consolent de tout, le seul chagrin qu’ils nous font est quand ils meurent. On peut se demander si nous les méritons vraiment ?
Pourtant, nous ne sommes peut-être pas si mauvais puisque les chiens nous aiment tant.