Pour l’aménagement de parcs canins
Par Clara Bret
On pourrait penser quelle idée d’avoir chien à Paris ! En effet pourquoi diable aménager des espaces verts au milieu du bitume ? Pourquoi manger bio quand on respire des pots d’échappement toute la journée ? Pourquoi circuler à vélo au risque d’être écrasé par un poids lourd qui traverse Paris ? Autant cesser tout de suite de maintenir vainement un lien avec la nature !
Les chiens sont une source de bien-être pour leurs maîtres : ils créent du lien social (il est rare de promener son chien sans discuter avec deux ou trois inconnus), ils sont un facteur d’éveil et d’épanouissement indispensable pour leur propriétaire mais également pour les enfants (c’est reconnu par les pédiatres), et ils sont l’occasion d’une pratique sportive douce ou intensive (on dépasse les trente minutes par jour préconisées par les médecins). Ils sont également une thérapie prouvée face au stress urbain et à la dépression et sont parfois la seule compagnie, la seule occasion de sortie et le seul prétexte au dialogue de personnes âgées. Les chiens offrent un épanouissement et un bien-être qui touche tous les âges et toutes les couches sociales.
Alors pourquoi s’en priver ?
Alors que l’importance des interactions avec un animal est reconnue comme étant bénéfique, l’opinion publique et les municipalités s’entêtent à vouloir garder et véhiculer une mauvaise image du chien en l’interdisant dans nombre de lieux publics et dans les transports en commun, se basant sur des mesures prises il y a plus de 30 ans visant à réduire le nombre de chiens en ville (chose acquise aujourd’hui). De nos jours l’acquisition d’un chien est plus responsable, en raison de l’importance grandissante qu’il prend au sein de la famille et aussi des contraintes de la vie urbaine. Il est reconnu que, depuis une dizaine d’années, l’éducation du chien de la famille est devenue une habitude si ce n’est une nécessité pour les citadins. Les propriétaires de chiens sont généralement bien plus conscients de la gêne que peuvent provoquer leur animal ou leur propre négligence (non ramassage des déjections ou chiens dangereux).
En citoyens responsables, nous avons conscience que les déjections sont une calamité, mais il s’agit surtout d’un problème de civisme, comparable au laisser-aller des personnes qui jettent sur les trottoirs canettes, chewing-gums et restes de fast-food. Tous ces témoignages d’incivilité appellent la même opprobre et le blâme ne doit pas être réservé aux propriétaires de chiens.
Malgré notre bon vouloir, nous -propriétaires de chiens- sommes victimes d’une hostilité permanente et préventive face à nos animaux jugés sales et dangereux. Offrez-nous la possibilité de prouver leur aptitude à s’adapter et à cohabiter sans représenter une gêne pour les autres.
Pour canaliser les animaux, il est nécessaire de leur permettre de se dépenser. Un chien qui court est un chien plus calme au quotidien, plus à l’écoute de son maître. Un chien qui peut jouer avec d’autres chiens est sociabilisé et mieux à même de se faire comprendre de son maître et son entourage, moins susceptible de s’en prendre aux autres chiens. Il est bien plus difficile d’élever un animal qui n’a jamais la possibilité de courir et qui va, pour éliminer son surplus d’énergie, créer des nuisances et présenter des « défauts » de comportement.
Rajoutons à cela que la loi s’accorde sur le fait que le propriétaire du chien est responsable du bien-être de son animal. Alors que faire quand la loi nous interdit de le laisser se dépenser dans son environnement proche ? Les chiens de villes sont bien souvent dépressifs, aboyeurs ou intolérants parce qu’ils n’ont pas la possibilité de dépenser leur énergie autrement.
Afin de remédier à cela, et pour le bonheur de leurs compagnons à quatre pattes, nombre de propriétaires – confiants en leur animal – se mettent « hors la loi » en laissant leur chien se promener sans laisse sur les trottoirs de la ville ou dans les espaces des parcs municipaux, pour qu’ils bénéficient un peu de cette liberté tant recherchée. Quel soulagement ce serait de partir faire la promenade quotidienne sans avoir le ventre noué, sans devoir choisir entre la course indispensable à son animal et les insultes des joggeurs, les amendes, les intimidations et quelquefois les menaces d’une garde à vue.
Conscients qu’un chien en liberté n’est pas pour plaire à tout le monde, mais néanmoins désireux de voir nos droits respectés à égalité avec ceux des autres citoyens, nous proposons une option adéquate et réalisable : l’ouverture de Parcs Canins (aux usages réglementés), où les animaux pourront courir (sans laisse) et se sociabiliser, dans les espaces verts suffisamment grands pour en accueillir, comme les Buttes Chaumont. Cet espace serait également un lieu où les propriétaires pourraient échanger sur les pratiques de dressage canin, ce qui contribuerait à la meilleure éducation des animaux dans l’ensemble.
De nombreuses villes en France se sont déjà dotées de parc canin (Toulouse, Avignon, Lyon, Nantes, Périgueux, Nice, et de nombreuses villes de provinces et d’Île-de-France) sur le modèle des parcs américains, canadiens et européens. Paris, à titre expérimental vient d’en ouvrir un à Denfert Rochereau.
Nous formons le vœu que la nouvelle mairie de Paris développe une politique canine constructive dans l’optique d’offrir à ses citoyens le bien-être, physique et moral, que peut apporter la vie avec « le meilleur ami de l’homme ».
Nous souhaitons donc obtenir la délimitation d’un espace dans les Buttes Chaumont, ou dans la petite couronne réhabilitée pour l’occasion, où il serait possible de lâcher les chiens.
https://www.facebook.com/cani.parc.buttes.chaumont