Une ville propre

LA PROPRETÉ, C’EST UN TOUT

par Anne Vosgien, présidente du comité OKA

Il est vrai que parisienne depuis près de 30 ans, j’ai vécu dans un autre Paris , un Paris ou une crotte  de chien laissée dans la rue  ne paraissait pas aussi insupportable qu’aujourd’hui.  La plupart  des  maitres se montraient responsables prenant soin que leur animal fasse dans le caniveau et pour un grand nombre  de nos concitoyens cela ressortait de la nature des choses ! Et puis surtout, il y avait les  fameux  motocrottes   de couleur vertes fonçant à toute vitesse sur le bitume et le trottoir  pour aspirer goulument toute déjection de quelque nature que ce soit. Alors si d’aventure une chaussure foulait la crotte , on  râlait ou  on rigolait en se disant que c’était du bon pied , c’était selon l’humeur.  Maintenant l’idée d‘une propreté absolue a fortement progressé et je présume que de jeunes parisiens habitant le quartier des halles frémiraient d’horreur si on leur montrait quelques photos de ce même quartier au petit matin des années  -70-80 quand bouchers, poissonniers avaient fini leur marché.

Mais revenons à nos toutous. Un jour  comme par enchantement les motocrottes comme les Halles dans Paris , disparurent. Et il devint interdit par un arrêté du 2 avril 2002  non seulement de  laisser des crottes sur le trottoir, dans les espaces verts  mais aussi dans ce fameux caniveau et ce sous peine d’une  amende de 35 euros. Une amende  qui au cours de années est passé de la grenouille au bœuf puisqu’il est question aujourd’hui  d’un montant pouvant atteindre, en cas de récidive, 450 euros. Il eut fallu se montrer, je crois, beaucoup plus   didactique en essayant de responsabiliser les maitres  comme  en les aidant  dans cette démarche. Parce  qu’on ne passe pas de but en blanc de la « canisette »  à la prohibition totale

Mais à Paris ce fut, au sentiment de beaucoup , l’aspect répressif qui prévalut très vite. Une escouade  d’inspecteurs  de  salubrité ou de sécurité eut  pour mission  de traquer et délivrer sans aucune aménité  la  contravention  due en cas de négligence. Même les distributeurs  de sacs de plastique   qui avaient été  un temps disposés dans les rues furent enlevés. On se demande bien pourquoi? A qui viendrait-il à l’idée  d’enlever les poubelles des rues au prétexte  que le jet d’ordures  sur la voie publique  est aussi  une infraction. Certes, nous sommes tous d’accord pour que ces abominables crottes ne jonchent pas les trottoirs et  nous sommes tous pour plus d’hygiène et de propreté.  Le civisme se nourrit aussi d’empathie et de compréhension. Nous aimerions tant qu’on parle aussi à Paris du rôle positif du chien de compagnie, qu’on lui accorde  ainsi qu’à son maître un peu plus d’espace et de recognition. Une attitude  qui a contrario  permettrait de se montrer plus exigeant , chaque maître pouvant comprendre que ce n’est pas le chien qui est banni mais la saleté sous toutes ses formes  dans nos rues. Et qu’il en sera de même pour le maître d’un chien que pour celui qui urine, jette cannettes et emballages sales  dans la rue ou la prend pour une déchetterie a ciel ouvert.

Mais sincèrement je n’ai jamais entendu parler  d’inspecteur de la salubrité se cachant pour surveiller et suivre  un groupe de joyeux lurons  prêts à jeter leurs papiers gras et cannettes au sortir d’un  établissement de restauration rapide  alors que pour les chiens, ils sont d’une énergie !!!  Franchement , j’enrage  quand au détour d’un recoin de ma rue , je tombe  sur un matelas dégoûtant ou un bidet fracassé ou constate que sans vergogne on puisse s’amuser à lancer sa cannette sur le trottoir. J’aimerais tant qu’ici aussi un inspecteur soit tapi  derrière les voitures pour prendre en faute ces citadins indélicats. Alors force est de se poser la question, est ce vraiment la saleté qu’on pourchasse ou le chien ?