« Voltaire : le chien anti-déprime »
par Florence Batisse-Pichet
Printemps 2004. La dépression m’a plongée dans un état mal-être. Je suis en arrêt maladie : difficile de se lever, tout semble être une montagne… Comment sortir de ce tunnel ? Il se trouve que je rendais service à l’une de mes amies en lui gardant lors de ses déplacements sa petite yorkshire. Quand à la fin d’un week-end, je lui exprimai ma tristesse de voir ma pensionnaire repartir chez elle, elle me dit tout de go : « Qu’est-ce qui t’empêche de prendre un chien ? » Aussitôt dit, aussitôt fait. On appela l’éleveur qu’elle connaissait et qui se trouvait à Vichy. Il lui restait justement un chiot de deux mois ; sinon il faudrait attendre une autre portée. Le lendemain, je pris le train pour un aller-retour dans la journée : j’allais faire connaissance sur le quai de la gare, avec une petite boule de poils remuante, au fond d’une boîte en carton. Me mettant à l’aise, le propriétaire me dit :
– S’il ne vous plaît pas, ne vous sentez pas obligée de le prendre !
– Il est pour moi, je le sais.
Et hop, le voici adopté sur le champ et mis dans le panier que j’avais prévu ! De fait, ma convalescence fut transformée grâce à cet étonnant compagnon qui allait se révéler bien plus efficace que mes antidépresseurs. C’était l’année des V : il s’appelait Voyou sur son carnet de santé mais en amoureuse du siècle des Lumières, je décidai de lui faire porter le nom de l’illustre philosophe : Voltaire. Pile électrique, boule de nerfs, il m’obligeait à me lever, à le sortir, le balader et veiller sur lui. Il m’en a fait voir de toutes les couleurs et il est bien évidemment devenu à mes yeux le plus beau et le plus intelligent des yorkies du monde ! Alors pour lui rendre hommage, je lui ai créé un blog Art de Vivre, « La Chronique de Voltaire », qui lui permet de raconter les aventures de sa maîtresse…
Sa mission se poursuit aujourd’hui chez mes parents où il a trouvé d’abord une maison de vacances puis une résidence principale, quand ces derniers se sont trouvés confrontés tous les deux en même temps, à lutter contre le cancer ! Comme s’il sentait leur maladie, il est devenu bien plus câlin et affectueux comme un gros chat. Il contribue largement à leur faire oublier leurs traitements et c’était bien le plus beau cadeau à leur faire pour égayer leur quotidien.
Ce n’est donc pas la faute à Voltaire mais bien grâce à lui que j’ai repris le chemin de la vie. Chien citoyen et militant, il se devait de témoigner et s’associer au projet du Comité OKA, Mon chien, Ma Ville.