Sans collier…
par André Bercoff
Le yin et le yang. L’ombre et la lumière. Dr Jekyll et Mr Hyde. Selon que vous soyez pro ou anti-chien, vous, citoyen urbain dans la jungle des villes, avez soit l’injure à la bouche, soit des étoiles au cœur. Pour les ronchons, misanthropes, atrabilaires qui ne supportent absolument personne, les chiens demeurent une source de nuisances : crottes sur le trottoir, glissements progressifs de l’âge, chute sur le bitume et aboiements intempestifs.
Mais quand on voit la dose d’amour que se transmettent les propriétaires de chiens et leur animal préféré ; quand on mesure l’infini bonheur du pacte civil de sentiments que se sont signés l’homme et la bête, l’on ne peut que se rendre à l’évidence : le chien n’est pas seulement, loin s’en faut, un animal domestique ou de compagnie, selon les étiquettes habituelles : il est surtout le plus éloquent des confidents, le plus efficace des calmants et le plus inconditionnel des amoureux, celui qui ne vous reprochera jamais rien, qui ne vous demandera pas où vous étiez et qui pratique avec talent la dépendance dans l’interdépendance. Il ne se transforme en reproche vivant que si vous le négligez dans ses repas et ses sorties.
Pour le reste, avec lui, il y a affinités électives sans discussions infinies ; complicité tacite sans nécessité de textos ou de coups de téléphone. Edith Piaf chantait : « Sans amour, on n’est rien du tout. ». Tous ceux qui ont expérimenté la compagnie prolongée d’un canidé, l’affirment : sans son chien, l’être humain est un chien perdu sans collier.